Qu’est ce qu’un schéma inadapté?

On parle souvent d’« estime de soi », de « confiance » ou de « rupture de schéma »…
Mais derrière ces mots se cache une réalité très concrète :

Nous avons tous des façons de penser, ressentir et réagir qui se sont construites dans l’enfance — parfois pour nous protéger.

Ces patterns, ces « empreintes », sont ce qu’on appelle les schémas précoces inadaptés.
Ils ne sont pas des défauts. Ni des faiblesses.
Ils sont le résultat d’un ajustement intelligent, à un moment où tu n’avais pas le choix.


Qu’est-ce qu’un schéma précoce ?

Un schéma, c’est une croyance profonde, associée à des émotions et des réflexes automatiques, qui influence :

  • ta façon d’aimer,
  • ton rapport au manque et au conflit,
  • ta tolérance à la frustration,
  • ta manière d’être en lien avec les autres… et avec toi-même.

Ils se sont construits très tôt, et peuvent se réactiver très vite, même si tu « comprends » mentalement que le danger est passé.


Les 18 schémas précoces, par grandes familles

On distingue 18 schémas, répartis en 5 grands domaines.

Domaine 1 — Déconnexion & rejet
« Je ne peux pas vraiment compter sur les autres. »

  • Abandon — Je serai laissé·e seul·e tôt ou tard.
  • Méfiance / Abus — Les autres vont me blesser, profiter de moi ou me trahir.
  • Carence affective — On ne répondra pas à mes besoins émotionnels profonds.
  • Exclusion — Je suis différent·e, je n’appartiens pas vraiment au groupe.
  • Imperfection / Honte — Si on me voit vraiment, on me rejettera.

Domaine 2 — Autonomie & performance
« Je ne suis pas capable. »

  • Dépendance — Je ne peux pas réussir seul·e, j’ai besoin que quelqu’un me porte.
  • Vulnérabilité — Quelque chose de grave va arriver (maladie, accident, catastrophe).
  • Échec — Les autres réussissent, moi non. Je suis voué·e à échouer.
  • Fusion / Soi altéré — Je ne sais plus qui je suis, je me définis surtout par les autres.

Domaine 3 — Limites internes
« On ne m’a pas appris à me contenir. »

  • Droit personnel / Grandiosité — Les règles ne s’appliquent pas vraiment à moi.
  • Autocontrôle insuffisant — J’ai du mal à me réguler, à me discipliner ou à différer un plaisir.

Domaine 4 — Orientation vers l’autre
« Les autres passent avant moi. »

  • Assujettissement — Je me soumets pour éviter le conflit ou le rejet.
  • Abnégation — Les besoins des autres sont plus importants que les miens.
  • Recherche d’approbation — Je dois plaire pour exister et être aimé·e.

Domaine 5 — Hypervigilance & inhibition
« Il faut se contrôler pour être aimé·e. »

  • Négativité / Pessimisme — Le danger est toujours possible, il faut rester sur ses gardes.
  • Inhibition émotionnelle — Je dois cacher ce que je ressens ou ce que je suis vraiment.
  • Exigences élevées — Je dois être parfait·e, performant·e, irréprochable.
  • Punition — Les erreurs doivent être sanctionnées, en moi ou chez les autres.

Pourquoi c’est si important de connaître ses schémas ?

Parce que ces schémas :

  • se rejouent dans tes relations (amoureuses, familiales, professionnelles),
  • dictent parfois tes réactions, sans que tu comprennes pourquoi,
  • influencent ta façon d’aimer, de désirer, de t’attacher,
  • peuvent mener à l’épuisement, à l’hypercontrôle ou à l’auto-sabotage.

On ne les change pas en se jugeant.
On les transforme en les comprenant — et en offrant au corps un nouvel environnement de sécurité.


Comment on travaille ces schémas en thérapie ?

Dans mon approche (sophrologie, sexologie clinique, régulation du système nerveux autonome), on va :

  • nommer le schéma — pour que tu puisses reconnaître quand il se réactive,
  • écouter le corps — tensions, blocages, réactions automatiques,
  • apaiser le système nerveux — par la respiration, l’ancrage, le mouvement doux,
  • travailler la sécurité relationnelle — apprendre à rester en lien sans se trahir,
  • installer de nouvelles réponses — plus ajustées, plus nuancées, plus libres.

Petit à petit, le schéma perd de sa force.
Tu ne le “supprimes” pas — mais tu n’es plus obligé·e de lui obéir.


En visio, est-ce que c’est vraiment possible ?

Oui.

Car on travaille avant tout :

  • dans le lien thérapeutique,
  • avec ce que ton corps ressent ici et maintenant,
  • avec des outils de régulation que tu peux pratiquer chez toi.

La visio offre souvent un avantage :

  • tu es dans ton environnement (moins de stress de “sortir” et d’anticiper),
  • tu peux t’installer comme tu veux (assise, en tailleur, avec une couverture),
  • tu peux intégrer les exercices directement dans ton quotidien.

Pour beaucoup de personnes, c’est plus simple et plus sécurisant.
La profondeur du travail ne dépend pas de la distance géographique, mais du cadre, du lien et des outils.


Et maintenant ?

Cet article est le premier d’une série sur l’anatomie des schémas.

Les prochains articles viendront explorer, un par un :

  • comment un schéma se forme,
  • comment il se manifeste à l’âge adulte,
  • comment le corps le porte et le rejoue,
  • et comment il peut se transformer avec un accompagnement adapté.

Si tu te reconnais dans l’un de ces schémas, tu n’es pas « trop fragile », ni « défaillant·e ».
Tu t’es adapté·e, dans un contexte où tu as fait de ton mieux.

Aujourd’hui, il est possible de faire autrement.
Avec douceur. Avec ton corps. Avec plus de sécurité intérieure.

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